AffAire BNI Gestion/Condamnation de Oumar Diawara : Au dela «remontada judiciaire» de l’Etat de Côte d’Ivoire

AffAire BNI Gestion/Condamnation de Oumar Diawara :  Au dela «remontada judiciaire» de l’Etat de Côte d’Ivoire

Lisez ce Journal de la Côte d’Ivoire « Éléphant Déchaîne »
AffAire BNI Gestion/Condamnation de Oumar Diawara :
Au dela «remontada judiciaire» de l’Etat de Côte d’Ivoire

L’affaire BNI Gestion qui s’est muée en conflit ouvert Etat de Côte d’Ivoire contre Monsieur Diawara Oumar, la justice ivoirienne vient de jouer une autre partition en condamnant lourdement l’homme d’affaires malien. Un autre acte d’un feuilleton politico-judiciaire
mal ficelé.
La grande salle d’audience du tribunal de première instance d’Abidjan Plateau a abrité, le jeudi 2 décembre 2021 le procès du tribunal correctionnel contre Diawara Oumar. Sur le rôle affiché à l’entrée de la salle, le pachyderme a pu lire les charges suivantes : « Complicité d’abus de biens sociaux, blanchiment de capitaux ». L’audience débute par des joutes oratoires entre Mme le juge et les avocats du prévenu, absent dans le box des accusés. Le juge s’étonne de l’absence de M. Diawara à cette audience alors qu’il y a déjà eu un report. Les explications de Me Diallo, avocat de l’homme d’affaires ne semblent pas la convaincre. Il n’empêche. Il essaie tant bien que mal, citant articles de lois et des jurisprudences, d’amener la cour à poursuivre le procès. Un de ses confrères, Me Dagbo Pierre, qui a rejoint le conseil du prévenu, n’a pas été autorisé par Mme le juge de prendre la parole pour appuyer les arguments de Me Diallo. Le procureur de la République intervient aussi dans le débat pour dire que le prévenu a brillé par son absence aux convocations du juge d’instruction deux ans durant et qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Pour lui, le procès devrait se poursuivre. Les juges se retirent pour délibérer et décident finalement que le procès allait se poursuivre en l’absence du prévenu. Les avocats de Diawara Oumar ne seront ni autorisés à prendre part au débat ni à déposer des écritures. Ils se retirent de la salle.
Show à sens unique
Tour à tour, les quatre avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire vont dérouler leurs plaidoiries à charge contre Diawara Oumar. Me Bokola allant jusqu’à comparer la tentative de saisie des aéronefs d’Air Côte d’Ivoire de piratage des bateaux en mer, comparé l’affaire à l’affaire Madoff, aux pratiques des brouteurs avant de lancer, dans sa verve, que Diawara Oumar perturbe « l’ordre publique international ».
Au final, l’Etat de Côte d’Ivoire via ses avocats a réclamé 25 milliards de francs CFA dont 15 milliards pour renflouer BNI Gestion et 10 milliards pour atteinte à la réputation de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Le procureur de la République a naturellement porté l’estocade. Pour lui, l’image de la Côte d’Ivoire a été écornée. Dénonçant un vaste réseau d’intermédiaires qui ont pompé dans les caisses de la BNI Gestion. Le procureur a été on ne peut plus sentencieux : « L’arnaque du siècle a été réalisée par Diawara avec la complicité de la directrice générale de la BNI Gestion ». Plus loin il soutiendra que le prévenu « a aidé manifestement à dé-
tourner les fonds de la BNI Gestion ». Il a donc requis, entre autres, la condamnation de l’accusé à 20 ans d’emprisonnement et une amende de 50 milliards 236 millions 644 francs CFA.
Après plus de deux heures d’attente, les juges ont reconnu Diawara Oumar coupable des faits mis à sa charge et l’ont condamné à « 20 ans de prison ferme, 50 milliards d’amende, 25 milliards de dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire, confiscation de ses biens, interdiction de séjour sur le territoire ivoirien ». Un mandat d’arrêt a été en outre lancé contre lui. Dont acte !
Quid de l’acteur principal ?
Dans cette affaire, il est bien de le rappeler, Diawara Oumar est poursuivi pour : « Complicité d’abus de biens sociaux, blanchiment de capitaux ». Dans son réquisitoire, le procureur a, à maintes reprises, mis à l’index Mme Sakandé Fatoumata, ancienne directrice de BNI Gestion. Accusée d’avoir orchestrée l’arnaque du siècle en complicité avec Diawara Oumar. Il va plus loin en citant un réseau d’intermédiaires qui ont pompé les fonds de l’entreprise. Mais ce jeudi 2 décembre, aucune ombre de Mme Sakandé et des autres acteurs du ‘‘vol’’ dans le box des accusés et même dans l’acte d’accusation. En chargeant l’ancienne dégé, le procureur s’est juste contenté de dire entre autres qu’il y a une procédure judiciaire contre elle. Point!
La présumée coupable hume l’air frais de la liberté, après un bref passage par la case Maca en 2018 et le dépôt d’une caution de 100 millions pour un préjudice chiffré à plusieurs milliards de francs CFA. Pour des faits aussi graves, le commun des mortels se serait attendu à un procès regroupant tous le ‘‘gang’’ qui a pillé les caisses de la BNI Gestion. Des enquêtes encore en cours ? Le dossier encore entre les mains du juge d’instruction ? Pourquoi des procédures parallèles pour la présumée coupable et son présumé complice ? Autant de
question qui poussent L’Eléphant à barrir sans prendre de gants en affirmant que la lourde condamnation de Diawara Oumar à 20 ans de prison et à payer 75 milliards de francs CFA n’est qu’une vengeance judiciaire. Une « remontada » judiciaire contre celui qui a eu l’outrecuidance de vouloir saisir un bien de l’Etat de Côte d’Ivoire et exposer ainsi, à la face du monde, que la justice ivoirienne a fait des petits arrangements avec la vérité dans ce dossier. En écoutant le procureur s’appesantir sur l’« image écornée » de la Côte d’Ivoire et l’avocat de l’Etat de parler de « trouble à l’ordre public international » et diaboliser l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO, L’Eléphant avait déjà deviné le score du match qui en plus, s’est joué sans adversaire en face. Quand aura lieu le procès de la présumée « coupable » d’abus de biens sociaux et de blanchiment de capitaux ? A la saint glinglin ! Pronostic du pachyderme.
Bon à savoir : la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA), en son audience publique du 1er octobre 2020, a rendu l’arrêt N° 289/2020 condamnant « la BGFI Bank à restituer à la BNI Gestion le montant des sommes débitées à hauteur de 14. 485.033. 551 FCFA».
A boire et à manger pour la BNI Gestion donc !
GERARD KONE