Crises sociopolitiques au Mali : de Ségouna à Ouatagana, de Taoudéni à Koumantou, des maliens farouchement divisés entre '' Sauver la démocratie et sauver le bateau Mali''.

Crises sociopolitiques au Mali : de Ségouna à Ouatagana, de Taoudéni à Koumantou, des maliens farouchement divisés entre '' Sauver la démocratie et sauver le bateau Mali''.

Crises sociopolitiques au Mali : de Ségouna à Ouatagana, de Taoudéni à Koumantou, des maliens farouchement divisés entre '' Sauver la démocratie et sauver le bateau Mali''.

Inutile de parcourir les quatre coins du pays pour savoir le bien-fondé de cette division. Inutile également de chercher un numéro de téléphone, une adresse mail ou aller sur un site de recherche sur l’internet pour le savoir, s'enquérir des préoccupations essentielles de ce peuple assoiffé de sécurité et de la bonne justice sociale. Tout aussi inutile, enfin, de vouloir s’adresser à un patron de l’entreprise, un membre de la junte, un membre du CNT, un département ministériel ou un citoyen ordinaire Autour des traités, accords et conventions internationaux, patrie et patriotisme, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, le commun des mortels maliens ne sifflent pas dans la même trompette.

Désormais plus qu'une évidence, le trait d'union qui lie les maliens sur le devenir de la nation s'appelle division. C'est en 1991, après la chute de Moussa Traore du pouvoir qu'a commencé à souffler le vent de la Démocratie. Le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le malien Lambda voyait en ce système de gouvernance un sauveur, un vent qui allait mettre un terme à sa souffrance de plus d'une vingtaine d'années de dictature. Malencontreusement, 30 ans après, les maux demeurent et s'aggravent tristement de jour en jour. Et le citoyen qui pensait qu'avec la démocratie que son vote serait respecté fait face aujourd'hui à la triste réalité de bourrage d'urnes, de tripatouillages électoraux. Ainsi, nous sommes allés à la rencontre des maliens, soucieux de l’avenir de la démocratie et de la nation malienne qui traverse un des moments le plus dur de son histoire pour savoir ce qui motive la division des citoyens autour des questions d’actualités :

« Nous ne voulons pas de cette démocratie où le candidat choisit par le peuple n'est jamais élu, où quand tu manifeste pour tes droits, ce sont les balles qui t'envoient au cimetière », a laissé entendre un couturier qui a voulu garder son anonymat, à Darsalam, un quartier populaire de Bamako. En apportant son soutien indéfectible aux dignitaires actuels du pays, un sexagénaire, M. DIARRA dira que n’eut été l’échec démocratie, le Mali ne se serait retrouvé sous une autre transition politique. « Aujourd'hui le malien souffre. Et la seule chose qu'il souhaite c'est de voir son pays se développer. Par conséquent, tout ce qui peut apporter ce changement que la démocratie n'a pas pu apporter est la bienvenue », a-t-il ajouté. C'est à croire que pour ces citoyens, il faudrait impérativement sauver le bateau Mali quels que soient les voies et moyens que faudrait-il user.

Cependant, la démocratie pourtant quasiment attaquée tous les fronts reste avec certains grands amis. Pour ce lot de personnes, la liberté d'expression dont jouissent les maliens aujourd'hui, le droit de voter pour tous, l’égalité de chance sur le marché d’emploi, être sous la protection des lois, la justice mis à la disposition de tous, sont entre autres des acquis démocratiques sacrées qui ne sauraient entre protégés que par un régime issu des urnes. Raison pour laquelle nous devons continuer à parfaire ce système de gouvernance au lieu de faire l'éloge d'un régime militaire qui serait sur la voie de se maintenir aux affaires par l’usage de la force. « Rien n'a changé positivement après le départ de Ibrahim Boubacar Keita. Ils disent que la démocratie n'a rien apporté, qu'a apporté leur système anarchique, à part la désolation ? Ils veulent faire taire tout le monde comme si tout va bien, alors que rien ne s'améliore comme prévu. En quoi rien n’est plus comme avant », ‘interrogea O. Sy, chauffeur de Taxi avant de continuer, « quand tu veux critiquer, c'est bonjour les menaces, c'est bonjour la prison. Nous vivons sous la loi du plus fort. Ce qui est bien triste. Que représente leur force dans la lutte contre l’insécurité gravissant, pour la restauration de la paix, pour le développement dont aspire le peuple malien. Donc, selon vous journalistes, à quoi bon de saluer un tel régime ? » Monsieur Sy parachèvera qu’il préfère un régime qui laisse le citoyen parler quand il a faim, quand il n'est pas en sécurité, quand il a soif de la justice à un régime qui lui piétine quand il expose son opinion.

À voir ces différentes prises de position, il va sans dire que la division s'est enracinée dans les cœurs et les esprits des citoyens sous cette période intérimaire entre « sauver la Démocratie » et « sauver le Bateau-Mali ».

La division n'a jamais construit un pays. Si notre démocratie à des imperfections, les coups d'État ne devraient pas être aussi des excuses. C'est pourquoi, on devrait dans nos divergences d'idées, s'écouter, se comprendre, trouver ensemble des terrains d'entente pour sortir le pays de l'ornière.

Karim Diallo

Le Coup, le 07 janvier 2022