Allah-Mandi, épisode 6
Après que le jeune homme d’affaire fît sortir la jeune dame Allah-mandi humiliée, attristée et désespérée de sa tombe, tint sa main et lui dit ceci :
-Je ne t’ai pas faite sortir de là pour que tu sois mon épouse encore moins ma concubine. J’ai conclut un contrat avec le Très Haut et le Plus Grand Savant. Je t’amènerai chez moi, tu y resteras jusqu’au retour de ton mari. La seule chose qui pourrait te heurter dans ma famille et dans tout le village est le repas à chaud. Donc, sèche tes larmes, consola le commerçant.
Elle avait aimé ces quelques mots plus que son exhumation et finit par remercier le Bon Dieu comme à l’accoutumé et le jeune qu’Il lui avait envoyée. Il avait deux pagnes sur lui, qu’il lui avait remis après qu’elle s'est lavée au bord d’une rivière.
Une fois au village, il introduisit Allah-Mandi à son épouse Saran :
-L’argent que je possède est pour son mari. Il est parti en pèlerinage à la Mecque. Nous allons désormais partager une vie commune et comme il m’a donné son fond de commerce, tout ce que j’achèterai pour toi, ce serait le même cas pour elle. Le jour où son mari reviendra, je partirai moi aussi et vous laisser auprès de lui, dit le commerçant.
-Je suis très heureuse de l’appendre et de la voir compléter notre famille à trois, répondit Saran, puis continua en s’adressant à Allah-Mandi, fais comme chez toi. Ne me traite pas par les propos d’autrui. Tout ce que je te ferai de mal, dis-le-moi d’en face, couronna-t-elle.
Allah-Mandi était désormais au delà de tout stresse. Elle manifesta sa bonne foi en se substituant à la belle fille de Saran. La femme du commerçant ne cuisait plus, ne pilait plus de sorgho encore moins laver les habits de son mari. En leur voyant dans la cour, on leur croyait des coépouses. Elles s’entendaient aussi bien que l’aimant et le fer, que le poisson et l’eau, que le lait et le café. Le mari de Saran achetait tous les bijoux à deux.
Au cœur de ce climat paisible, une amie à Saran vint trouver Allah-Mandi absente à la maison, ce beau matin. Elle était partie au marché quand Saran lui avait remise le frais de condiment. Et elle dit :
-Qui est celle-là ? Demanda l’amie à Saran.
-C’est l’épouse d’un ami à mon mari, répondit Saran, assurément.
-Toi Saran, tout le village t’en veut parce que tu as le caca d’âne à la place du cerveau. Ton mari amène son amante jusque dans la demeure conjugale et toi tu es là à dire que c’est l’épouse d’une des connaissances de ton mari ou je ne sais quoi, dit-elle avec précision avant de continuer, tu connais son mari ?
-non, répliqua Saran avec incertitude.
-Il achète les mêmes bijoux pour vous deux, tu ne te dis rien. Qui pour mettre sa femme et celle d’autrui sous les mêmes pieds d’égalité ? c’est de là que tu dois comprendre que c’est une amante à lui.
Que Dieu nous épargne tous des mauvaises langues. C’est aussi, cet oiseau de mauvais augure qui met à dos deux âmes qui s’aiment, deux frères de lait et une personne et l’habit qu’elle porte. Les infidèles et les voleurs ont plus de chance à avoir la clémence du Très Haut, au jour du Jugement dernier comparativement aux briseurs des liens fraternels et des relations sociétales. Saran, une femme simple, courtoise, sympathique et généreuse, une telle dame dotée d’un bon cœur et si accueillante, ainsi prise d’une jalousie féminine, s’énerva. A vendredi prochain
Historien du Journal
Le Coup, le 05 mars 2021