(Allah-Mandi), épisode 4
-Euh mon fils ! S’étonna le chef du village.
-Oui, rassura le beau frère. -Rappelle-toi que le mensonge est détesté et est détestable pour tous les hommes dignes. Depuis le départ de ton grand frère, je n’ai jamais rencontré son épouse dans la rue. Elle est toujours chez elle, témoigna le chef du village.
-J’ai des témoins oculaires…rassura le beau frère.
Le chef du village a envoyé quatre agents de la police judiciaire à la quête des quatre autres témoins.
Ils témoignèrent tous contre la femme l’avoir vu avec un « inconnu ». La sentence devait tomber.
Il fut instruit aux policiers d’aller chercher « l’infidèle Allah-Mandi». Ils arrivèrent à la maison pendant que la dame avait fini par nettoyer la chambre de son beau frère et elle était sur le point d’aller déverser les déchets ailleurs. C’était ainsi qu’elle fut attachée par une corde comme un voleur de brebis, tirée et ballonnée au sol comme un cadavre d’animal sans qu’elle ne s’en rendît compte de ce qu’elle fit comme crime, jusque dans la famille du chef du village.
-Lahilaha-i laa-L’Allahou Tabara !...Lahilaha-i- laa L’Allahou Tabara sébé-Allah ye… (Selon Mon Inventaire des particularités lexicales signifient Il n’y a point de dieu que Dieu Tabara !...il n y a de dieu que Dieu Tabara !...Seul Dieu est Grand et est le plus Grand Savant). Qu’ai-je-fait à ce monde ? se dit-elle, visage convulsé par la douleur de la corde.
-Ton mari est à combien de lunes de son voyage ? Demanda le chef de la police judiciaire. -Trois mois, répliqua-t-elle.
-On avait tellement confiance en toi à tel point qu’on ne s’était jamais fait à l'idée que tu allais trahir ton mari à sa mort à plus forte raison de son vivant. Si tu voulais courtiser un quelconque autre homme, ça ne devrait pas être un étranger mais celui de la famille de ton mari. Mais aller jusqu’à chercher ailleurs, là c’est inconcevable, clama le chef de la police avant d’ajouter : les quatre témoins, à vous la parole.
-Nous témoignons devant Dieu et devant les hommes que nous avons surpris hier soir tard dans la nuit cette femme avec un autre homme, affirmèrent-ils.
Allah-Mandi, attachée, humiliée, martyrisée, n’avait plus de mots face à la sentence car elle n’avait pas de témoins.
- Lahilaha-i laa l’Allahou Tabara !... Lahilaha-i laa l’Allahou Tabara !...sébé-Allah yé Il n’y a point de dieu que Dieu Tabara !...il n y a de dieu que Dieu Tabara !...Seul Dieu est Grand et est le plus Grand Savant), sanglota-t-elle. Il fut vérifié dans les textes saints, s’il fallait le lapider ou de l'enterrer vivant. La dernière option lui avait été réservée selon la gravité de son cas. Les bras valides du village qui faisaient tous la course derrière elle se rendirent au cimetière pour creuser sa tombe. Or, Allah-Mandi avait refusé tous ces jeunes gens.
Tard dans la soirée, elle fut enveloppée vivant dans un linceul blanc puis enterrée.
C’était valable pour tous les « Allah-Mandi » de la cité. Tabara repose désormais au cimetière du village, qui, se situe à l’extrême Est.
A vendredi prochain !
Historien du journal
Le Coup Le Coup, 15 janvier 2021