Allah-Mandi, épisode 5
Allah-Mandi avait été accusée à tort par son beau frère et ses témoins, d’avoir commis l’adultère et avait été enveloppée dans un linceul blanc puis enterrée vivant au cimetière du village.
Elle avait passé trois journées et trois nuits sous le sol deshydratée avec l'estomac vide s'accrochant à une petite brèche qui lui servait de l'air.
Dieu, le Très Haut, le Tout Miséricordieux, le Plus Grand Savant celui qui ne dort point, avait ordonné à l’Ange Gabriel d’apparaitre dans le rêve d’un grand homme d’affaire depuis un autre village. C’était un jeune commerçant qui se pourvoyait en or dans différents centres minier, fraîchement marié, Il avait été consigné à l’homme de prendre le chemin de l’extrême Est de son village natal, puis de marquer un arrêt dans le cimetière du premier village succédant le sien.
Une fois l'arrêt observé il entendrait une voix d’Homme, celle d’une musulmane pieuse, accusée injustement d’avoir commis un crime qu’elle n’en avait aucunement rêvé. Il devait l'exhumer de là et lui garder auprès de lui jusqu’au retour de son mari. Une fois le contrat conclut, sa récompense était le paradis en compagnie de soixante-dix personnes de sa lignée au jour du jugement dernier. Voici ce qu’il lui avait été revelé par l’Ange Gabriel durant le songe.
Dès l’aube, il se dirigea vers le village cité qu’il connaissait déjà. Après quelques heures de marche, il parvint au cimetière du village à l’ascension du soleil. Il y avait un vieil homme qui gardait ledit cimetière jour et nuit pour qu’il n y eût aucune exhumation. C’était ici que pleurait Allah-Mandi jour et nuit sans secours.
Il s’approcha peu à peu du vieux et l'interrogea en ces termes : << Vieux père, qui pleure dans sa tombe comme ça ?...s’informa machinalement le commerçant.
-C’est une infidèle répliqua le vieil homme or, aucun texte n’autorise la femme au cours de son mariage à commettre l’adultère au risque d'être condamnée pour crime de zinà et pire, si c’est une Allah-Mandi, on l’enterre vivant. Depuis trois jours, elle se lamente dans sa tombe avant l’arrivée de l’Ange de la mort, sourit le gardien.
-Pouvez-vous me laisser la voir ? demanda le commerçant.
-Non, c’est interdit dans les textes saints d’exhumer un mort. Si tu es venu dans ce village pour le commerce, vas proposer tes articles en vente. Je te souhaite bon marché, répondit le gardien. Le commerçant mit sa main dans son sac et fit descendre deux poignets d'or dans la poche du gardien. Comme aimaient tant dire les habitants dudit village « quand l’argent parle, la dignité se tait » :
-D’accord. J’accepte toutes tes demandes. En outre, c’est méchant d’enterrer une musulmane, aussi que soit-elle, pour un crime qu’elle n’a pas commis. Bon je m’en vais d’ici. Fais ce que tu veux car je peux plus finir, dans le reste de ma vie, la somme que tu m’as remise, grommela le gardien.
La fortune qui avait été remise au gardien valait plus que des années de traitement qu’il recevait de fonds collectés par la population villageoise.
Le commerçant exhuma la dame et enleva son linceuil. Elle respira de l’air pure une énième fois, et dit :
-Al-hamdoulilahi-rabil-Allah-mina (louange à Allah, le plus Miséricordieux, le Vrai Miséricordieux), je suis enfin de retour à la vie, s'exclama-t-elle !!!
A vendredi prochain !
Historien du Journal
Le Coup Le Coup, le 11 février 2021