TRANSITION : Imam Dicko reste l’homme le plus silencieux !

TRANSITION : Imam Dicko reste l’homme le plus silencieux !

TRANSITION : Imam Dicko reste l’homme le plus silencieux ! Un adage africain ne dit-il pas que « celui qui vient dans ce monde et s’en va sans rien faire ne mérite aucun respect ». Les pourquoi et comment sont encore plus importants. Le très respecté et éclairé imam Mahmoud Dicko, appelé ainsi par ses disciples, reste l’homme le plus silencieux sur la scène politique malienne. Président du Haut Conseil Islamique du Mali de janvier 2008 jusqu’au mois d’avril 2019, et, reconnu pour son franc parlé lors des rassemblements populaires, l’homme fut une machine de mobilisation dans le courant des dix dernières années. Il a eu à travailler dans une structure étatique religieuse sous la présidence du regretté Général Amadou Toumani Touré avant son opposition à lui pendant la moitié de son deuxième quinquennat suite à la contestation de la loi dite « Code de famille ». À la fin du mandat de ce dernier, alors que la situation politico-socio-économique s’embrouillait, l’Imam Dicko se retourne contre ATT, ayant su que le peuple en voulait à ce dernier, incompris et condamné dans une suite logique. « Là où je suis, sachez que je suis votre ennemi et je ne serai jamais avec vous , donc dites à vos gardes de me prendre avant que je ne descends ! ATT était un ami à moi et il m’a répondu ce jour avec humilité. ATT était un homme humble et patriote, je dois lui reconnaitre », Imam Dicko avait déclaré celà lors d’une interview accordée à une chaîne privée guinéenne (Espace TV). Dès les premières heures des élections présidentielles de 2013, l’Imam faisant partie de « Sabati2012 », ils ont mobilisé leurs disciples en faveur d’IBK qui semblaient pour toute une nation être le Messie, le seul politique pouvant mener ce peuple vers une société idéale. Le premier mandat du President déchu qui avait fait consensus lors de sa première élection fut un regret pour tout un peuple car les défis à relever étaient nombreux. Le parrain de la CMAS s’oppose au President IBK lors de sa course pour le deuxième mandat tout en optant pour la neutralité lors du deuxième tour. Le « programme d’éducation sexuelle complète » durant le séjour de Soumeylou Boubeye Maiga à la primature envenime la situation davantage et fait de Dicko une figure emblématique de la société civile malienne. Les politiques comme les acteurs clés de la société civile sont tombés sous l’effet d'une anesthésie (excès de confiance). Jouissant bien de cette légitimité, il propose Dr Boubou CISSE avec qui, il lie un lien de parenté étroit avant de se retourner contre lui sans raison valable avancée une année plus tard, après la création d’un mouvement d’associations politique dont il est parrain . Le Rassemblement des Forces patriotiques du 05 Juin est né dont il fut personnalité morale . Lors des manifestations contre le régime d’IBK l’imam a passé tout le temps de la lutte à jouer au sage pendant que les autres jouaient aux surexcités, il donna l’occasion à la création de deux camps non seulement entre les membres du M-5 mais aussi entre les maliens lambdas (les pros légalistes et ceux qui prônent un changement radicale). Les retombées du silence d’aujourd’hui de l’imam Mahmoud Dicko sont multiples. La division au sein du M-5 RFP en est une parfaite illustration et celle des démissions au sein de la CMAS en est une autre. Soulignons que ceux qui ont perdus l’âme dans le courant des manifestations politiques qui secouaient le pays depuis le mois de juin 2020 dernier n’ont pas encore eu justice . À l’en croire que les manifestations à caractère politique sont différentes des autres manifestions. Les enquêtes de 1991 jusqu’à nos jours en disent long. Le départ d’un homme auquel le commun des mortels maliens tenait fort, fut comme souhaité mais les mêmes réalités persistent. Il est alors temps que les maliens sachent jusqu’où est ce monde d’aujourd’hui et surtout d’où il s’en va. Ce monde est dans la douleur de l’accouchement d’une société nouvelle, celle non humaine réelle où il faut beaucoup donner au risque de ne pas tout perdre. Un monde de faux où tout est du faux et rien que du faux. Regrettera-il lui aussi un jour, l’homme qu’il aime appeler « grand-frère » ? Parviendra-t-il à restaurer la confiance brisée de ses anciens alliés d’hier qui lui tenaient fortin ?   

Kemoko Diabaté.                                                                       

 

Le Coup, le 27 Novembre 2020