Les hôpitaux du Mali : les enfants prématurés n’ont-ils pas droit à la survie ?
La crise d’oxygène dans nos hôpitaux reste un cauchemar pour les nouveau-nés ainsi que pour les parents.
C’est le cri de cœur d’un jeune père sous l’anonymat qui nous a motivé à écrire ces quelques lignes.
Le Coup : Monsieur M.D, durant la grossesse de votre femme avez-vous manqué aux suivies et à la prise en charge obstétricale ?
M.D : « Non pas du tout. La grossesse a bel et bien été suivie jusqu’à terme (l’accouchement). »
Le Coup : que s’est-il passé durant cette journée vraisemblablement sombre ?
M.D : « En début de matinée, j’ai été appelé quand j’étais au boulot. C’était justement les maux de ventre que ressentait madame. Nous avons été dans une clinique à Banconi.
Plus tard, le médecin nous a informé que le nouveau-né était sur le point de venir et qu’une intervention chirurgicale allait avoir lieu, autrement, une césarienne était plus que nécessaire. J’ai pas donné un avis favorable, je suis jeune, non ?
Je ne l’avais pas pris fermement comme il fallait mais ma maman s’inquiéta davantage.
Elle me raconta quelques histoires selon ses expériences sur ces types d’incidents et du coup mon inquiétude pour ma femme est devenue plus grande qu’avant. Grâce au savoir-faire du vieux médecin, ma femme a pu donner naissance à un beau garçon.
Je ne peux pas vous le décrire.
L’enfant avait un problème respiratoire. Il nous a été consigné de concourir vers un hôpital où il y avait de l’oxygène. »
Le coup : qu’avez-vous fait alors ?
M.D « Nous avons ainsi fait trois hôpitaux, tous saturés. C’est après que nous nous sommes retrouvés à l’Hôpital du Mali de Missabougou (district de Bamako). Il y avait une cinquantaine d’enfants sous oxygène. On nous a dit d’attendre. Nous avons ainsi passé deux heures sans que mon enfant ne soit pris en charge. C’est après la mort d’un autre enfant se trouvant sous l’appareil respiratoire que le mien eût accès avant de rendre l’âme quelques minutes plus tard. »
Le Coup : Quel appel avez-vous a lancé ?
M.D « Je demande à nos autorités de revoir ces cas précis. Et concernant mon enfant, je dirais que c’est la volonté du Tout Puissant. » A-t-il achevé en formulant des bénédictions avec une voix nouée la tête légèrement basse.
Pour les enfants nés prématurés, les soins intensifs néonataux sont prépondérants, parmi lesquels l’assistance respiratoire reste l’un des plus importants et permet un accroissement de la prise en charge du nombre d’enfants prématurés.
« La prématurité (naissance avant 37 semaines de gestation) est associée à une morbidité précoce et à des complications à long terme. Les grands prématurés, nés avant 32 semaines de gestation sont les plus à risque. » Nous expliqua un agent de santé.
« Entre 30 à 50% des enfants grands prématurés présentent des troubles avec d’importantes conséquences sur leur scolarité, leur formation et leur devenir fonctionnel à l’âge adulte. » ajouta-t-il.
« Ils sont à risque de développer des troubles moteurs, des déficits cognitifs ou comportementaux avec d’importantes conséquences sur leur scolarité et leur insertion sociale. » avança-t-il.
« La crise d’oxygène est l’un des problèmes majeurs qu’on peut tristement faire état dans nos hôpitaux » a-t-il couronné.
Propos recueillis par la Rédaction de l’Hebdo le Coup.