Les Belles Histoires d'Afrique : Oudjeli-Makan, épisode 2

Les Belles Histoires d'Afrique : Oudjeli-Makan, épisode 2

Oudjeli-Makan, épisode 2

Dans toute famille polygame, généralement, c’est la volonté de la plus jeune épouse qui est comptée de plus. Dieu, dans Sa miséricorde, créa le jour et la nuit, le ciel et la terre, la lune et l’année. Parmi toutes ces créatures du Très Haut, c’est seule la « nuit » que les femmes se sont départagées. Gare à celle qui joue avec la « nuit » de l’autre.

La bravade Djénè, après avoir recruté leur époux à honnir Nan-Kolokan, elle lui somma de la priver de ses « nuits ». Face aux cruautés du sort, Nan-Kolokan conserva une parfaite sérénité et un courage moral.

Un jour, Djénè partit se coucher chez Kémo-Badra comme d’habitude alors que c’était la première épouse qui était à la cuisine :

-Je sais que c’est ma coépouse qui a préparé. Mais gare à toi si tu n’acceptes pas que je passe la nuit ici, nous allons divorcer, dit-elle.

-J’accepte, toi aussi ! Sourit Kémo-Badra.

En plein cœur de nuit, vint Nan-Kolokan pieds nus pour échapper à toute attention de ses coépouses puis s’arrêter devant la porte de son mari. Elle frappa fort ses mains pour l’avertir de sa présence :

-Qu’est-ce ? Demanda Kémo-Badra.

-C’est moi.

-Qui ?

-Ton épouse Nan-Kolokan.

-Que fais-tu ici à cette heure-là ?

-Je suis venue voir pour mon cas car c’est moi qui suis à la cuisine aujourd’hui.

-Djénè, vas voir pour moi la chose qui est à la porte, dit Kémo-Badra à sa jeune épouse.

Elle fit sortir sa tête, regarda la bonne dame de travers puis dit à son mari :

-Je ne peux plus dormir ici puisque ta chambre est tristement devenue un espace public où tout est la bienvenue, tonna Djénè fièrement.

-Mon bébé éléphant Djénè, calme-toi, je te vengerai, consola-t-il, avant de continuer, je la battrai demain matin jusqu’à ce qu’elle me dise ce qui l’a prise pour avoir le courage de perturber notre sommeil.

Et à Djénè de répondre « si tu fais ça pour moi, ça me féra plaisir sinon ça devient de la foutaise enfin ».

Pour vaincre sa dépression, Nan-Kolokan, pensait à la destinée humaine. Chaque vie recélant une parcelle de bravoure, une bravoure obscure faite d’abdications, de renoncements et d’acquiescements, sous le fouet impitoyable de la fatalité.

« Mère N’as-tu pas trouvé de remèdes pour

L’indifférence à mon égard ?

Devenue un ganglion à ma gorge

Une cicatrice à mon front

Une malédiction qui me pourchasse partout.

Aux femmes de foyers ou non, d’hier et d’aujourd’hui

Qui ont souffert ou souffrent de la traitrise

Et l’irresponsabilité des hommes,

Ne vous en voulez pas

Pensez aux aveugles du monde entier qui se meuvent dans le noir

Et qui ne verront jamais le sourire de leurs enfants

Aux paralytiques du monde entier qui se traînent

Aux lépreux du monde entier que leur mal ampute

Aux couples sans enfants

Victimes d’un triste sort que nous n’avons pas choisi.

Souffrirons, les femmes souffrirons pour toujours », sanglota Nan-Kolokan a l'aube, balaie à la main,  s'arrêta un moment puis continua à balayer la cour. A vendredi prochain !...

Historien du Journal

Le Coup, le 29 octobre 2021