Pourquoi Fana ? une ville oubliée comme "Dîen Bîen Phu".
La question de responsabilité des huit têtes décapitées à Fana dans le courant des trois dernières années est largement partagée. D’une part la population rejette la responsabilité aux autorités administratives, d’autre part les autorités rejettent la faute à la population sans oublier que ceux qui sont incarcérés ( des présumés ) à cause de ces évènements houleux s’indignent et clament leur innocence. Huit têtes décapitées par des individus sans foi ni loi, sans cœur ni reproche, sans pitié ni attendrissement au cours de six opérations dans ces trois dernières années. On se rappelle encore de la première tragédie qui relève de cette journée sombre du 28 Mars 2018 où une malade mentale avait été décapitée avec son nourrisson, suivies par celles d’Avril et de Mai la même année. À celles-ci s’ajoutent deux autres actes barbares et sauvages dans le courant de l’année 2019, et en concluant par le récent évènement, après lequel une mission composée des plus hautes autorités du pays ont été dépêchées dans la ville pour apaiser les tensions. Les culpabilités restent toujours non situées. C’est bien lors du cas de la petite Ramata Diarra, atteinte d’albinisme, survenu le 13 Mai 2018, que l’opinion publique s’est résolument tournée vers ces pratiques malsaines. La petite Ramata, après avoir été décapitée a été éventrée, son sang et sa tête emportés. La population a sévèrement manifesté sa colère face à cette situation déplorable à l’époque, ce fut comme une coupure de furoncle non mûre, déclarant ainsi la septicémie. Ils ont entamé des séries de manifestations, au cours desquelles plusieurs leaders du mouvement de la protestation ont été emmurés. Ce coup de force utilisé par les autorités compétentes à l’encontre de la population créa en elle, la peur, l’angoisse et la frustration. L’homme d’affaire du nom de Madou Kanouté qui a été indexé comme responsable de cette tragédie causant la mort de la fille atteinte d’albinisme, père et marié de deux femmes, séjourne en prison comme présumé coupable depuis pratiquement deux ans sans procès. Le présumé coupable, depuis sa cellule, s’est exprimé dans un audio de vingt-quatre minutes (24mn), dans lequel il se dit n’être impliqué dans cette situation chaotique ni de près ni de loin. « J’ai été incarcéré par les autorités de Fana pour prouver à leur hiérarchie seulement qu’elles travaillent et pour protéger leurs postes. Lors de mon arrestation, ils m’ont questionnés sur la source de mes revenus, or, j’ai travaillé à l’extérieur du pays pendant vingt ans, et dans ces dix dernières années, j’ai commencé à faire des investissements dans le pays, ils le savent tous. Je suis dans une prison abusive sans aucune preuve à mon encontre, je ne suis aucunement impliqué dans cette affaire, on me situa la responsabilité d’un fait dont j’ignore, je m’en remets à Dieu, je sais qu’Il est le Juge des juges, longue sera ma détention, Il tranchera la justice équitablement» laisse-t-il entendre depuis sa cellule. En dépit de l’incarcération d’un présumé criminel les décapitations ont sans doute continuées. Pour quelle raison le présumé coupable Madou Kanouté reste toujours sans procès ? Seules les autorités compétentes de Fana ont des réponses valables aux nombreuses questions que l’on se pose journellement. Le dernier drame date de ce mois de juin 2020 où un militaire à la retraite a aussi été décapité. Une noble mission composée de certains cadres du pays fut dépêchée à Fana. Le débat autour de la question fut houleux lors du passage de ladite mission, composée des autorités compétentes, parmi lesquelles le Directeur Général de la Police et celui de la Gendarmerie, des députés, le préfet de Dioïla et le sous-préfet de Fana, prirent tous part à la réunion. La population n’a pas du tout caché sa colère face à l’opacité des autorités compétentes du pays face à ce fléau. Huit têtes décapitées en l'espace de trois ans. Cette population, vivante sous le joug de cet enfer terrestre, dit trop c’est trop face à cette situation déplorable. Parce qu’à chaque fois qu’ils poussent comme un champignon pour dénoncer ce genre de pratique, soit on leur malmène, soit on les envoie en prison. Les dossiers de dénonciations restent sans suite favorables, gardés dans les tiroirs de qui, censés à remédier à la situation. Les habitants de la ville de Fana manifestèrent alors la peur et la crainte face aux autorités, puisque, lors de chacun de ces événements semblables pitoyables, elles viennent, s’entretiennent avec les autorités locales , puis signent le retour sans s’enquérir des nouvelles de la population. Ils (les habitants) se sentent quasiment oubliés. Vu que les réunions sont presque identiques, car elles ont toutes été sans suite, la salle de la mairie dans laquelle ils s’étaient donnés rendez-vous, était approximativement vide. De l’autre coté, les autorités de ladite cité situent la culpabilité aux populations de Fana comme laisse entendre le préfet de Fana, Bénana Mounkoro « pourquoi toujours Fana, malgré qu’il y ait l’électricité ? C’est qu’il y a des complices dans la ville. Vous abritez des étrangers vachement riches sans chercher à connaitre leur identité encore moins leurs métiers distinctifs et de retour ils vous font tout. Je ne suis pas leur complice et je ne serai jamais complice de ces genres d’atrocité». A-t-il martelé.
Géographiquement, Fana reste l’une des grandes villes la plus proche de Bamako et se trouve encore un peu plus isolée par rapport aux autres, elle se trouve bivouaquer dans une sorte de carrefour ou il y avait moins de sécurité. Les autorités administratives et la population civile s’entre situent la culpabilité, celui qui a été culpabilisé comme présumé coupable lors du cas de la fille atteinte de l’albinisme, la nommée Ramata Diarra, clame son innocence et trouve qu’il a été injustement incarcéré en servant de bouc émissaire pour calmer les populations énormément furieuses contres les autorités. A quand la fin de ces crimes abominables si leurs auteurs restent toujours en fuite ?Tant que les gouvernants et les gouvernés de ladite cité sont en conflit d’idée, et les sanctions hiérarchiques n’y tombent pas, il serait très difficile de trouver une solution adéquate à ces actes de vandalismes et de déchéances. La bonne serait que lors de la récente tragédie, les directeurs nationaux et autres élus qui ont été dépêchés sur ledit lieu ont fait des propositions conséquentes portant sur l’augmentation du nombre des agents de force de l’ordre dans la ville avec à la clé l’inauguration d’un nouveau commissariat bien équipé en personnel et matériels de patrouilles. Espérons que ses promesses tenues soient honorées pour ramener la paix et la quiétude dans la ville de Fana.
Que les âmes des disparus reposent en paix !
Le jour du Juste jugement y arrivera.
Kemoko Diabate
Journal Le Coup